Explosions au Liban : pourquoi des bipeurs et des talkies-walkies ?
Par Vincent Lautier - Publié le
Des appareils d'un autre temps
Vous l’avez peut-être déjà lu, ce sont des talkies-walkies et des bipeurs qui ont explosé, et cela nous questionne forcément sur l’utilisation de ces dispositifs par le Hezbollah. Les modèles ciblés sont l’ICOM V82 pour les talkies-walkies, et le Gold Apollo pour les bipeurs. Ces appareils, considérés comme archaïques par rapport aux technologies modernes, offrent en fait certains avantages en matière de communication sécurisée. Les bipeurs, par exemple, permettent de transmettre des messages courts sans être directement traçables par les ennemis du groupe, comme les services de renseignement israéliens. Leur faible connectivité, par rapport aux smartphones, les rend moins vulnérables aux cyberattaques sophistiquées. Et pourtant, cette attaque par le biais de ces explosions montre que ces dispositifs ne sont pas infaillibles.
3 grammes d'explosifs par bipeur
Ce sont environ un millier de bipeurs du Hezbollah qui ont explosé simultanément le 17 septembre, causant la mort de douze personnes et blessant près de 3 000 autres. L’analyse préliminaire suggère que ces appareils avaient été piégés avant leur distribution. Une charge explosive de 3 grammes aurait été insérée dans chaque bipeur, activée par un message spécifique envoyé aux appareils concernés. Cette attaque inédite a semé la confusion au sein du Hezbollah et exposé une faille majeure dans sa stratégie de communication.
Le lendemain, hier donc, le 18 septembre, une nouvelle série d’explosions a secoué Beyrouth, Saïda et Baalbeck. Cette fois, ce sont des talkies-walkies qui ont été ciblés. Ces dispositifs, bien qu’un peu plus modernes que les bipeurs, sont également prisés par le Hezbollah pour leur robustesse et leur simplicité d’utilisation sur le terrain. Ils permettent des communications vocales sans avoir recours aux réseaux cellulaires, ce qui limite les risques d’interception. Cependant, leur sécurité reste un point faible si le matériel est compromis dès sa fabrication, comme cela semble être le cas ici.
Les fabricants se rejettent la faute, l'ONU condamne
La complexité de ces attaques a conduit à des accusations mutuelles entre les fabricants taïwanais et hongrois des bipeurs incriminés, chacun se renvoyant la responsabilité de la fabrication et de la distribution. Ces appareils étaient utilisés par le Hezbollah pour éviter les interceptions israéliennes, mais il semble que le commanditaire de ces attaques ait trouvé une faille en ciblant ces dispositifs
low-techde manière très sophistiquée.
L’ONU a condamné l’utilisation d’objets civils comme armes, insistant sur la nécessité de protéger ces équipements contre des détournements à des fins militaires. Ces explosions ont provoqué une onde de choc au Liban, rappelant que même les technologies les plus simples peuvent devenir des cibles dans un contexte de guerre.